Marc Sangnier, Le combat pour la paix, Editions du Foyer de la Paix, 1937, 346p.
Préface
Janvier 1937.
Plus que jamais, aujourd’hui, il apparaît que l’œuvre de paix est difficile et laborieuse. Elle exige du courage et de la foi.
Les véritables pacifistes ne sont pas ceux qui redoutent la guerre et la maudissent, mais bien plutôt ceux qui construisent la paix. Ils ne se contentent pas, d’ailleurs, d’en préciser les conditions politiques et économiques ils s’efforcent d’animer en eux et autour d’eux les énergies morales sans lesquelles tout travail pacifiste manquera de dynamisme et ne sera pas capable d’atteindre l’opinion publique et de soulever les masses.
Il y a une nécessaire préparation psychologique de la paix ; elle réclame que les volontés soient entraînées au moins autant que les esprits éclairés.
Faire la paix en soi-même, dans son pays et dans le monde, tel est le mot d’ordre des pacifistes d’action.
Dès le lendemain de la guerre, nous avons proposé ce but et ce labeur à tous ceux qui comptaient sur les peuples plus que sur les gouvernements pour faire la paix. A travers l’Europe et dans des circonstances parfois difficiles et périlleuses, nous avons inlassablement répété le même appel à l’action. Nous avons signalé les écueils et les périls aussi bien que les profondes raisons d’espérer.
Si, à l’heure présente, en face des vagues de violence et de haine qui risquent de tout submerger, trop de pacifistes sont sur le point de perdre cœur, c’est une raison de plus pour leur rappeler les exigences de l’esprit qu’ils ont choisi, les conditions de la lutte. Même si la première bataille a été perdue parce qu’on ne les a pas suffisamment comprises et qu’on a manqué de vaillance, il ne faut pas se déclarer vaincus, mais, instruits par l’expérience et mieux armés, préparer une nouvelle bataille.
Puissent les quelques discours, recueillis ici et qui n’ont d’autre valeur que celle d’une sincérité ardente, être autre chose qu’un simple témoignage de l’effort tenté et une excitation à recommencer, toujours et quand même, le combat pour la paix.
Marc Sangnier