Quoique que puissent prétendre les libres penseurs, nous ne considérons pas comme une humiliation la soumission au Pape, notre chef religieux et notre père. Nous croyons, au contraire, nous grandir par une telle obéissance. Cela n’est pas un esclavage mais bien une docilité acceptée avec amour ; de même, la croyance aux dogmes n’est pas opposée à la raison, mais tout particulièrement sage et digne d’un être raisonnable, qui reconnaît une autorité qui le dépasse et un certitude supérieure aux lumières de son entendement personnel.
Peut-être aurons-nous encore d’autres gages à fournir de notre fidélité. Avec la grâce de Dieu, nous espérons les donner toujours sans nous plaindre, dans la paix et dans la joie.
Quant à nos frères catholiques, nous les supplions de ne pas essayer, consciemment ou non, de nous tendre des pièges et de nous dresser des embûches. Qu’ils nous traitent comme ils aimeraient à être, traités eux-mêmes si pareille douleur leur avait été réservée par la Providence : il y a, en effet, un terrain sur lequel nous devons tous nous rencontrer, c’est celui de la religieuse obéissance au représentant de Jésus-Christ sur la terre.
Espérons que les si pénibles polémiques dont les catholiques ont eu déjà depuis longtemps tant à souffrir prendront fin et seront remplacées par une effusion de véritable charité. Nous sommes, quant à nous, résolus à nous y employer de tout cœur, certains d’agir ainsi d’une façon vraiment chrétienne, et qui plaira à Dieu, si elle ne parvient pas toujours à désarmer tous nos adversaires.
Nous demandons instamment à nos amis d’entrer dans ces sentiments et de forcer ainsi, avec l’approbation des bons catholiques, de ne tes les plus opposés à nos aspirations politiques, le respect de tous les honnêtes gens.
SOURCE
Marc Sangnier, Autrefois, La Démocratie, Paris, 1919, 93p. à p. 83 – 84.